Contre les mutilations sexuelles. Changer de Genre, oui. Changer de sexe, non !

Ne voudrait-on pas faire croire que l’on peut changer de sexe ? Du moins faire ce changement une fois seulement car l’opération est évidement irréversible. Que fait-on croire exactement ? Que celui qui est né fille peut devenir garçon, et que celui né garçon peut devenir fille ? L’on invoque pour ce faire, la possibilité de changer les organes génitaux, de passer des organes mâles aux organes femelles, ou des organes femelles avoir des organes mâles. De ces opérations la personne deviendrait elle-même enfin !

Déjà, sur un aspect proprement chirurgical, que valent ces opérations ? Notons déjà que sur des aspects moins complexes que peut être la chirurgie esthétique, à constater qu’il existe de nombreux ratés. Malgré tout certaines de ces opérations peuvent effectivement améliorer la vie des personnes complexées par un défaut, quand parfois une intervention relativement légère, et surtout maîtrisée, peut améliorer la vie. Sans compter les opérations de chirurgies réparatrices pour les grands brûlés par exemple. 

N’a-t-on pas cette habitude des appareils dentaires pour redresser les dents, que portent de nombreux pré-adolescents ? Et combien avons ce plaisir d’améliorer notre apparence, avec une nouvelle coiffure, une coloration qui rajeunit, un style vestimentaire différent, des talons qui font paraître plus grand.

Ce besoin d’améliorer son apparence, d’être au mieux de soi, même d’ainsi se sentir soi, fait partie d’un désir habituel mais aussi singulier de tout un chacun. Certains pourront les qualifier de futiles. N’est-ce pas ignorer à quel point l’apparence peut avoir un rôle très important dans nos vies, qui influence nos relations, nos parcours professionnels et sentimentaux. Quand parfois ces choix sont factices, suivent des effets de mode, sous l’influence parfois des publicités, à faire fonctionner par mimétisme.

Tout dépend ce qui motive le choix. Rarement l’on peut regretter d’avoir des dents bien droites, voire même la suppression d’une bosse sur le nez, que soient recollées les oreilles, ou le retrait d’une excroissance inesthétique. Les remodelages d’une partie du corps, aussi à tenter de se rajeunir, de s’amincir, sont des décisions personnelles, en rapport avec le vécu de chacun, de ses désirs, et de ses fantasmes.

Qui rappelle cette évidence que nous construisons un soi qui n’est jamais nu de tout apprêt. À ne surtout pas confondre avec les idéologies folles de transhumanisme ! Que se sentir bien avec soi, aussi être soi, n’est jamais définitif. C’est une quête incessante. Le tout serait sans doute de savoir si l’on est sur sa propre quête, qui peut être un magnifique moteur, ou sur une voie empruntée à d’autres, qui ne mènera nulle part.

Ce changement de soi incessant, qui peut-être mu par une insatisfaction parfois saine, parfois délétère, amène à ces métamorphoses plus ou moins importantes. Le recours au bistouri peut faire partie du processus. De même que cela peut l’être d’une psychothérapie, d’une psychanalyse.

L’humain souvent se cherche, et parfois se trouve. Les recours pour ce faire sont multiples, et supposent quand ils sont sans retour en arrière, comme l’est la chirurgie, d’être bien réfléchi par quelqu’un en pleine possession de jugement. Ce que l’on nomme le consentement.

Qu’en est-il de l’enfant, et même pire du nourrisson qui vient de naître ? Beaucoup ignore que des nourrissons en France subissent des mutilations sexuelles* au nom du binarisme homme/femme. C’est d’ailleurs ce qui a motivé en partie l’écriture de mon essai philosophique : « Mon sexe a-t-il un identité ? »**. Quand pourtant les mutilations sexuelles féminines sont interdites en France, et sont même un délit. Alors pourquoi celles-ci sur les enfants se feraient en toute légalité ? Cela concerne les enfants dits Intersexes, dont les organes génitaux externes révèlent un caractère qualifié d’ambigu, voire d’anomalie. Je parle ici d’organes sains et fonctionnels. Qui ne nécessitent pas d’opérations autres que la raison de faire coïncider ces organes externes à l’une des deux cases : soit mâle, soit femelle. Qui pour l’état civil fera de ce petit d’homme, soit homme, soit femme. Et aux parents de pouvoir annoncer si c’est un garçon ou une fille.

Sortir de ce binarisme de Sexe, quand la réalité montre que l’existence de ces enfants hors du standard n’est pas rare***, et ne devrait pas être vécu comme une tare pour l’enfant et sa vie d’adulte, mais comme un caractère particulier. Qu’enfin ces enfants mais aussi les parents puissent accueillir cette spécificité sans penser qu’il faille rectifier. Qui n’exclut pas qu’adultes, donc avec un consentement, ces personnes choisissent une chirurgie, sachant les conséquences de ce choix.

S’il en est enfin ainsi pour les nourrissons, que cette rectification à motivation sociétale, m’indigne et me choque, il en est de même de cette croyance de croire que l’on change d’organes génitaux au prétexte que l’on se sentirait mal avec son sexe ; ou plutôt avec le Genre « garçon ou fille ». N’est-ce pas un terrible abus que de banaliser cette chirurgie auprès de pré-adolescents et d’adolescents ?

Il semble qu’est entretenu chez les enfants aujourd’hui une confusion entre organes génitaux et le Genre. Cette terminologie a été produite au niveau universitaire notamment, afin de faire la distinction entre l’appareil reproducteur d’une personne, et ce qui était attendu de la société selon que son Genre sur l’état civil soit homme ou femme. Sachant aussi qu’en France jusque récemment les droits de ces deux groupes étaient différenciés. Mais aussi de façon plus informel il était distingué les compétences et des psychologies attribuées à chacun des deux Genres.

Le résultat de ces recherches universitaires a permis de différencier le biologique proprement dit, de sortir des stéréotypes du biologisme, pour constater le variable de l’individu, qui lui-même peut varier. Donc non à nier le biologique, dont les critères de normativité sont aussi théoriques, étant des moyennes, mais à lui concéder une juste place dans l’identité de chacun. Ce qui vaut pour les organes génitaux, vaut aussi pour la couleur de peau, pour la taille, la corpulence, la mobilité, même une maladie qui typologise, etc.

Concernant le cerveau, c’est cette extrême variété qui peut faire constater qu’il y a plus de différence entre deux femmes, qu’entre un homme et une femme.**** L’on pourrait aussi le dire entre deux personnes du même âge que entre deux personnes d’âges différents.

Donc séparer le Genre – en faire un domaine de recherche et d’études – de la biologie, qui est dépendante d’ailleurs de nos connaissances actuelles en biologie, permet de mieux voir ce qui est de l’ordre d’un apprentissage conscient ou inconscient, de ce qui est immuable. La biologie ne dit pas qui est la personne. Mais ce corps, son fonctionnement, aussi nous dépasse. Il est influencé par les conditionnements sociétaux, qui brouille les notions d’inné et d’acquis.

Nos croyances influencent notre biologie. Se sentir jeune, se sentir désirable, quel que soit l’âge, la beauté, cette perception de soi va agir physiquement. D’où l’intérêt d’avoir conscience de nos croyances ; de faire la part entre nos Croyances (je crois), nos Connaissances (je sens) et nos Savoirs (je sais).

Nos organes génitaux, notre couleur de peau ou d’yeux, par exemple, n’ont de définition que l’interprétation que l’on veut bien en donner, qui varie selon les cultures, selon les époques, selon les groupes…

Oui une interprétation, pas une réalité. En revanche il est question de notre corps, dont nous sommes dépendants, puisque rappelons cette évidence, c’est lui qui décide de notre vie ou de notre mort. Je conçois le corps, qui comprend aussi le psychisme, comme ce merveilleux dont il s’agit de prendre soin, et d’apprendre à écouter et à accompagner afin qu’il révèle tous ses trésors.

Ce corps à apprivoiser, ce psychisme déroutant parfois. N’est-ce pas cela qui fait traduire chez certains que ce corps, ces organes génitaux, doivent être absolument changés ? Si l’on excepte ces cas très rares qu’étaient auparavant dénommés les « Transsexuels », pour qui peut-être ce changement des organes génitaux était une solution qui s’imposait, ne signifie pas de penser cette opération telle une banalisation d’un acte non seulement irréversible, mais qui produit de nombreux ratés, sans en plus pouvoir satisfaire la personne modifiée.

Cette confusion, voire cette juxtaposition, qui me semble a commencé avec ce changement d’appellation ; l’on a affaire désormais à des « Transgenres ». Ce qui est très différent, quand ceux-ci souvent n’expriment pas le besoin de toucher à leurs organes génitaux. En revanche, ils peuvent vouloir changer de prénom, changer le Genre sur leur état civil. C’est vrai que cela choque ceux persuadés que sexe et Genre sont indissociables.

Et pourtant, et ce que je montre au travers de mes écrits, c’est que le sexe est privé et intime, quand le Genre est ce rôle social, variable selon les sociétés, selon les situations, selon les époques. Le Genre pourrait même être optionnel, étant une interprétation sur une hypothèse biologique. Même pourquoi ne pas en faire une mention facultative ? Et déjà se donner cette réflexion sur soi de ce que cela dit réellement de nous, de notre Identité, de l’Identité d’autrui. Que dire d’autrui qu’il est un « homme » ou une « femme », finalement cela ne dit rien de celui-ci ; on ne sait pas qui il est.

Nous assistons depuis quelques années, à cet autre amalgame notamment dans la langue française, entre le Genre et le genre grammatical. De certains à vouloir à tout crin féminiser des mots. Quand le genre d’un mot est sans rapport avec les organes génitaux, que ni le soleil, ni la lune n’en sont pourvus !  Cette rigidité actuelle qui impose une Identité de Sexe avant une compétence ou un titre, fait penser dans son systématisme aux précieuses ridicules de Molière. Quant à l’écriture inclusive, je vous renvoie à l’article précédemment écrit.***** Là effectivement un effet de mode, qui justement peut produire ces dérives que sont les mutilations sexuelles de changement de sexe.

C’est tout de même très inquiétant cette obsession actuelle sur les organes génitaux des enfants, mais aussi sur leur sexualité, qui devrait être « enseignée » à l’école ! Pourquoi ce franchissement dans le privé et dans l’intime. Qui est d’une violence telle, quand au mieux cela schématise, et assurément réduit, réifie ; cet aspect de soi qui ne peut être possédé, qui se vit singulièrement.

Quel type de sexualité peut-elle aller avec l’Éducation nationale ?! Nos enfants ne deviendraient-ils que des organes génitaux avec une sexualité étiquetée et performative. C’est bien l’inverse de ce qui a été la « liberté sexuelle » de chacun, quand ici est suggéré du fonctionnel. Qui tend à un conditionnement en vue de l’obtention de robot-sexualisé, déconnecté de leur réel désir. Et même de ne plus savoir aimer leur corps, leurs sensations, leurs sensibilités.

N’est-ce pas du coup plus acceptable de faire intervenir le bistouri, quand son corps n’est qu’un objet, un corps-machine, et croire que cette « chirurgie » est la solution pour quitter un mal-être ? D’autant plus qu’une société se rigidifie sur le mode binaire, et sur le binarisme de Sexe. À engendrer l’instauration d’une société qui perd sa liberté au nom de la liberté ! Qui perd la liberté d’être différent, singulier, spécifique, unique. Parce que malheureusement ce type de société exige de l’étiquetage.

Quand apprendre à se connaître, faire connaissance avec soi, dans une dynamique permanente, cette conscience de soi, est d’apprendre à se voir hors des cases, hors des catégories. Qui pose la question des regroupements sous étiquettes que sont notamment les LGBT–, jusqu’au « wokisme », qui réduisent voire enferment la personne dans un seul paradigme. En plus de créer des ressemblances artificiels à faire un « nous » contre les autres. Peut-être que cela peut aider certains à condition de ne pas s’y enfermer, quand trop fournissent des modes d’emploi, voire des identités d’emprunt. À pousser jusqu’à des représentations caricaturales voire malsaines et outrancières de certains profils ainsi réduits à un cliché.

De la nécessaire nuance. Afin d’éviter des dérives. Qu’il s’agit de questionner qui l’on est ; cet être qu’est l’Identité de chacun. Qu’effectivement s’interroger, voire contester le Genre sur un mode binaire, qui suppose que l’on soit homme OU femme, peut déstabiliser, fait remettre en question certains fondements, quand selon moi individuellement cela ouvre les portes d’une perception plus profonde, même plus authentique de soi, et donc d’autrui. Qui amène une société plus ouverte, plus vraie, plus riche.

Mon questionnement philosophique est, afin d’amener une ouverture sur l’Identité, au-delà de tout biologisme, et déjà au-delà du Genre, du Binarisme. Quand de plus, deux Genres n’est pas non plus universels, qu’il existe des cultures avec plus de deux Genres, ou des Genres qui changent au cours de la vie de la personne******… Mais pas seulement, puisqu’au niveau des savoirs scientifiques, il y a même au niveau biologique plus d’hypothèses que de certitudes. Voir et comprendre au-delà du fixisme, c’est assurément sortir de tout diktat, de tout dogme.

Comment peut-on ainsi laisser croire que ces opérations chirurgicales sur les organes génitaux, évidement irréversibles, et fait de façon si systématique va permettre à l’adolescent de pouvoir « être » ! Ces croyances étonnement entretenues dans un but prétendu de l’épanouissement de la personne, qui semblent banaliser des mutilations irréversibles, doivent être dénoncées parce qu’elles sont des mensonges qui détruisent.

Aussi si l’on pouvait ainsi sortir cette confusion entre changement de sexe, et changement de Genre, voire le choix d’un genre indifférencié, ferait que « changer de Genre », que certains voudraient, ne devrait en aucun cas signifier des mutilations sur des enfants et adolescents, dont le consentement quand il existe, reste donné sous influence.

Répétons-le, changer de Genre n’est pas toucher aux organes génitaux. Surtout pas !

painting-e1498078299971Laurence Waki (le 25/01/2024)

*https://www.amnesty.fr/chronique/intersexe-genre-operation-discrimination

**https://laurencewaki.wordpress.com/lindifferenciation-philosophie-de/introduction-de-mon-sexe-a-t-il-une-identite/

***https://laurencewaki.wordpress.com/2015/05/19/nous-sommes-tous-des-intersexes/

****https://laurencewaki.wordpress.com/lindifferenciation-philosophie-de/bibliographie-de-mon-sexe-a-t-il-une-identite/a-catherine-vidal/

*****https://laurencewaki.wordpress.com/2017/11/09/ecriture-inclusive-quand-ecrire-divise/

******https://fr.wikipedia.org/wiki/Troisi%C3%A8me_genre

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