à Catherine Vidal

« Cerveau, Sexe et Pouvoir« , et aussi sous sa direction « Masculin/Féminin, Mythes et Idéologies ». Ces deux livres grand publics ont été mes « preuves » scientifiques pour sortir du fixisme de Sexe supposant que nous étions programmés Homme OU Femme. Ces livres tels des trophées pour rendre compte de notre extraordinaire liberté d’être, de notre singularité, et du renouvellement permanent de nos compétences. Depuis 2005, j’en avais « plein ma bouche » de Catherine Vidal, comme pour « clouer le bec » à tous ceux qui voulaient voir le cerveau comme responsable des incompétences attribuées au Sexe, mais aussi à la couleur de peau, au statut social, à l’argent…

Cerveau Vidal 2

Que n’a-t-on pas faire dire au cerveau ! Que n’a-t-on pas voulu faire dire aux Neurosciences ! à la science ! à l’IRM !

Oui les études peuvent être tronquées, volontairement ou pas. Oui certains fabulent de trouver ce qu’ils croient au lieu de chercher, et d’y trouver tout autre chose.

La science, la biologie, la nature, la vie, font que plus on trouve de réponses, plus de nouvelles questions se posent. Cette immensité fait peur à ceux qui cherchent des Certitudes. Pas Catherine Vidal, elle informe ; souvent pour rectifier des croyances sous forme de limites à dépasser. Ce qu’on apprend sur le cerveau c’est qu’il est en perpétuel reconstruction, que la plasticité est perméables aux influences extérieures, que les découvertes sur son fonctionnement sont encore devant nous. Et quoi que l’on apprend, rien n’est figé.

34174054-open-envelope-letter-symbol-drawing Laurence Waki (le 17/01/2021)

Lettre datée du 6 mai 2016

« Bonjour Catherine Vidal, 

Nous nous étions rencontrés lors du colloque Genre & Santé organisé par l’IEC en juin 2015, suite à quoi nous avions parlé de votre collection « Égale à égal », et de mon projet « Mon sexe a-t-il une identité ? ». Le projet n’a pas encore trouvé son éditeur, ce n’est donc pas la raison de mon mail, même si je souhaite faire appel à vos connaissances pour argumenter contre, dans ce que je viens de recevoir.
 
Suite à une discussion avec un jeune physicien (27 ans) qui s’interroge sur son devenir à savoir s’il va poursuivre dans la recherche pure ou faire de la recherche appliquée qui lui permettrait de vivre de son métier, puis à parler des difficultés des chercheurs et de leurs nécessité à publier et trop souvent aller dans le sens de ce qui plait et rassure, qu’est venu le sujet des recherches sur le cerveau qui « prouveraient »  les différences des hommes et des femmes… Comme j’aurais aimé avoir votre savoir pour répondre…
Il vient de me faire parvenir un document qui se veut établir cette différence… sûrement même que vous devait le connaître.
 
 
Bien que non-spécialiste mais admirateur de votre travail, je me suis sentie handicapée dans ma méconnaissance pour répondre tel que vous vous pourriez le faire, ainsi que je peux aisément vous imaginer le faire.
Voilà pourtant ce que je lui ai répondu :
 
… »Ce qui me semble intéressant dans cette publication c’est l’évidence que lorsqu’on veut trouver des différences, on les trouve ! 
N’étant pas neuroscientifique, bien que je lise beaucoup sur ce sujet, il m’est difficile de démonter cette expérience – comme le ferait aisément un spécialiste – bien que faite par des spécialistes eux, qui pourtant oublient complètement la plasticité neuronale, c’est-à-dire que le cerveau se construit et se déconstruit en permanence, amenant un fonctionnement qui change en permanence, qu’on ne peut donc fixer le fonctionnement du cerveau d’une personne (quel que soit son sexe, si tant est que celle-ci réponde au standard au niveau des gonades, au niveau hormonal, au niveau des chromosomes, ce qui est loin d’être gagné !). 
Qu’en plus, l’IRM est une technique qui ne permet pas de voir le cerveau penser, mais seulement la circulation électrique qui suppose une activation des zones, variable selon chaque personne. Supposant donc beaucoup d’humilité sur l’information que cela donnerait sur le fonctionnement du cerveau ! 
Quand à vouloir y associer un comportement, là nous arrivons dans des hypothèses dangereuses, qui ferait conditionner les personnes à des tâches spécifiques, disant qu’elles sont faites pour cela… La « science » l’a tenté et trop souvent affirmé, non seulement pour les femmes et les hommes, mais aussi pour les « noirs » et pour les « blancs », pour les riches et pour les pauvres… pour surtout ne rien changer dans un société aux fondements inégalitaires. Le QI a ainsi été exploité aux Usa…pour éviter de donner aux noirs des aides sociales. Il a été aussi donné des « preuves » des différences par la taille du cerveau. Et l’on recommence avec l’Irm…
La limite est aussi ce que sous-tend ces affirmation de différences : qu’il existerait deux groupes distincts, et qu’à l’intérieur de ces groupes en revanche règne « le même », des personnes toutes pareilles, qui fonctionnent pareillement !!! Un relent « des hommes viennent de mars et les femmes de vénus », voire aussi qu’un vrai couple serait fait d’un homme et d’une femme…
Nous sommes tous riches de notre spécificité individuelle, qui ne cesse d’évoluer au cours de notre vie, de nos expériences, des nos rencontres, d’autant plus qu’on sait se nettoyer des filtres des préjugés. C’est une magnifique liberté d’être, mais qui gêne tant. Alors on mesure, on met dans des cases, et tous n’ont pas l’intelligence du naturaliste Linné pour remettre en cause ses classements, qui montrent mais cachent aussi beaucoup, et souvent l’essentiel »…
 
Vous serait-il possible d’y ajouter des éléments neuro-biologiques démontrant que le cerveau (de surcroit l’Irm), ne peut apporter la « preuve «  d’une différence fondamentale entre homme et femme. J’aimerais tellement voir démonter avec méthode ces recherches à qui l’on faire dire des idéologies en lieu et place de nouvelles données.
Bien cordialement,
Laurence Waki »