Politique française, juillet 2018

Vision ou exaltation ?

Trop de Politiques n’ont pas de Vision. Ils veulent être élus, occuper une place par laquelle ils prétendent agir pour le bien du pays ; se perdant en généralités et en certitudes. Voilà bien ce que l’on ne peut pas reprocher au président Macron, qui apparaît investi voire même pénétré par sa mission de restaurer la France.

Cette France au premier plan. S’attribuant ainsi une position de Général (des armées), mi-De Gaule, mi-Bonaparte. Qui se révèle si nettement lors de son hommage au Colonel Beltrame, que l’on peut revoir dans le documentaire, « Macron, la fin de l’innocence« , de Bertrand Delais, diffusé sur France 3 en mai 2018, dont voici retranscrit un extrait de son allocution sur ce qu’est la France selon lui.

« Beltrame est un patriote, au sens profond du terme, c’est-à-dire quelqu’un qui est prêt à mourir pour la patrie (…). Le colonel Bertrame, il est mort parce que la France ce sont des idées, des valeurs, quelque chose d’une guerre qui l’dépasse. Des gens qui pensent que la France c’est une espèce de syndic de copropriétés, où il faudrait défendre un modèle social qui ne sale plus, une république dont on ne connait plus l’odeur, et des principes qu’il fait bien d’évoquer parce qu’on est habitué à eux et qu’on invoque la tragédie dès qu’il faut réformer ceci ou cela, et qui pensent que en quelque sorte que le summum de la lutte c’est les 50€ d’APL, ces gens-là ne savent pas ce que c’est que l’histoire de notre pays. L’histoire de notre pays c’est une histoire d’absolu, c’est un combat pour la liberté, c’est une volonté d’être souverain face à tous les fascismes, c’est un amour de la liberté au delà de tout, c’est une volonté de l’égalité réelle. C’est ça la France. C’est ça ce qu’a fait Beltrame. »

Sa France, son objet même. Avec cette exaltation du président Macron pour le sacrifice d’un homme, prêt à nous ajouter que c’est ça être citoyen ; lui qui semble persuadé par on ne sait quel don de savoir ce que doivent vouloir les Français. Qui rappelle étrangement cette nuance du passage de « Roi de la France » à « Roi des Français », supposant plus d’écoute aux Français, qu’à un idéal de Patrie. Passons-nous ici du « président des Français » au « président de la France » ? où l’idée d’un pays passe avant l’intérêt de ceux qui l’habitent ? Ne sortons-nous pas ici de la vision, pour l’exaltation qui flirte avec une sortie de route du réel de notre élu.

Avec ce détail, en plus du mépris qui ressort sur les besoins matériels de chacun, de confondre 5€ d’APL avec 50€ ! Lui tellement loin de la notion que retirer 5€ soit à ce point dommageable pour autrui ; qu’effectivement un si petit montant pour lui, soit de l’argent dont on peut avoir besoin en France pour simplement manger. Parce qu’aussi des Français en sont là dans leur vie. Que ce n’est pas très exaltant à en parler.

Mais qu’il est temps qu’il soit intégré dans cette Vision – une véritable Vision en somme – également la réalité (économique) des Français.

La véritable Vision est celle qui intègre la réalité du présent. À défaut, elle n’est qu’une exaltation qui ne fait vibrer que celui qui l’incarne.

images drapeau Des Aphorismes et cætera, Laurence Waki (le 20/07/2018)