Dans le menu « Lettres ouvertes à… « , vous pourrez lire ces lettres de prise de contact avec les auteurs indiqués dans le déroulant.
Ces lettres sont celles que j’ai écrites, adressées dans un contexte professionnel en vue d’une rencontre et d’un échange avec l’auteur d’un livre. Parce que leurs écrits raisonnent en moi, que souvent s’y associe de l’admiration qui me semble importante à témoigner. Et toujours poussée par l’enthousiasme qui fait baisser toutes les barrières que ma timidité peut ériger.
Quelque chose vient en adéquation avec ce que je perçois viscéralement sur un sujet, et fait naître le désir de rencontrer cet auteur, qui est aussi une rencontre avec soi-même ; comme le sont toutes les rencontres qui font vibrer. Quelque chose en plus s’est passé durant le voyage avec le livre de cet auteur. Certaines de ces lettres ont permis des rencontres, parfois non. Ce que je décèle souvent en terme de point commun, c’est une parenté d’énergie, une même note à interroger les faits, la vie, donc à voir autrement ; à faire émerger la spécificité, la nuance, l’originalité, l’anti-dogmatisme, la contestation du conformisme, l’ouverture, la liberté. Et un engagement.
Cette démarche va de pair avec mon travail d’auteur, dans le cadre de mes recherches qui s’accompagnent de beaucoup de lectures solitaires. S’équilibrant avec la nécessité de l’échange réel. Qui facilite la démarche. Comme allant de soi. Qui sinon serait empêchée par le doute du bienfondé de contacter un inconnu. De se confronter au décalage du vécu intime avec des écrits et de la personnalité de son auteur sur laquelle on a fait malgré soi des projections, une familiarité unilatérale.
La première fois que j’ai écrit à l’auteur d’un livre, c’était lors de mes études d’art dramatique. Je me passionnais tout naturellement pour le théâtre, tant dans les œuvres que le parcours des personnes qui ont jalonnées son histoire. Mes lectures associées aux répétitions de scènes me faisaient naviguer en compagnie de Stanislavski, Jouvet, Brecht… qui décrivaient leurs expériences des « tréteaux », cet artisanat, cette chair qu’est l’émotion qui s’exprime, se sculpte, et se transmet, à chacun du public individuellement… Puis à la rencontre d’un spectateur passionné par l’intermédiaire d’un livre jubilatoire intitulé « Histoire du théâtre dessinée » : Monsieur André Degaine. Je lisais deux pages chaque matin, qui me donnait cette sensation de vivre à l’intérieur du Théâtre, telle une bulle protectrice. Je ne sais plus ce que je lui ai écris. Mais je me souviens qu’il m’avait répondu, et m’avait proposé de venir assister à l’une de ses conférences. Il organisait aussi des excursions dans Paris pour raconter les théâtres parisiens, avec une telle fougue qui le rendait capable de marcher pendant des heures sans fatigue, que mes vingt ans n’arrivaient pas à rivaliser !
Des années après, je l’ai croisé dans un bus. Je n’ai pas osé le déranger. À moins que c’est parce que je n’ai pas trouvé quoi lui dire. Que surtout je n’avais pas envie de lui confier que j’avais arrêté le théâtre… Mais j’ai pu constater avec bonheur qu’il n’avait pas changé, comme si le temps n’avait pas eu de prise sur lui. J’ai toujours son livre. Et après de nouvelles éditions, on le trouve toujours en librairie.
Il y a des auteurs que je ne pourrais jamais rencontrer n’étant plus de ce monde. À qui j’aurais voulu écrire, les remercier, peut-être même les rencontrer. Qui font partie de ma vie ; quelque chose dans leur état d’esprit que je ressens me les rend proches et indispensables. Stephan Zweig, François Roustang, Krishnamurti, Michael Crichton, qui m’ont fait faire, et me font à chaque fois faire, des pas de géant dans la connaissance, de soi, de la vie.
Et tous ceux que je n’ai pas lu. Ou ceux que j’ai pu rencontrer autrement. Et ceux où j’ai repoussé le moment de les contacter, attendant l’occasion, le bon moment… Que le hasard aussi s’en mêle.
Mais c’est ce premier échange suite à cette première lettre, qui a rendu possible les initiatives suivantes. Encore merci Monsieur André Degaine. Rappelant que l’échange réel est moteur de toute connaissance, de toute construction, de toute création.
Laurence Waki (le 7/02/2021)
PS : Et quelques exceptions. J’y ai adjoint d’autres lettres écrites à des personnes connues non pour des livres écrits mais par leur travail sur des sujets qui me tiennent à cœur. Leur nom est suivi d’un astérisque.* (le 13/02/2021)