« Corps en tous genres » de Anne Fausto-Sterling – et l’IEC

corps en tous genresCette rencontre, la première, a commencé par un livre. Toute une enfilade de livres et l’un d’eux semble éclairé différemment, il vous attire ; vous ne pouvez que vous en saisir. D’abord la couverture, puis la quatrième de couverture vous dit ce que vous aviez envie d’entendre, qui fait écho à quelque chose de fondamental en vous.

Quand le savoir diffusé rencontre vos croyances les plus ancrées, mais qui comme toute croyance, sont difficilement transmissibles ; autour de vous, on apprécie votre enthousiasme, vous envie votre passion, cette énergie, cet engouement, mais voilà sans élément tangible, cela reste de l’ordre d’une conviction, intéressante, plausible, mais…

Et là, ce livre. « Corps en tous genres » de Anne Fausto-Sterling.

Jubilations. Sidérations aussi. La science, ce n’est pas toujours cette rigueur, c’est surtout chacun selon ses croyances, et concernant les stéréotypes sur les hommes et les femmes, on peut les qualifier de biais scientifiques. Au travers du livre, je la vois cette scientifique, en train de travailler, de s’interroger, de s’indigner sur ce qui est présenté comme des évidences. Non la notion d’hormone sexuelle, notamment la testostérone* n’est pas ce simplisme qu’on croit, de n’être qu’une hormone dite mâle, que les souris ne sont pas des humains (!), leurs comportements n’expliquent pas les nôtres… Et qu’en plus les souris testées ne sont pas choisies au hasard, parce qu’il faut qu’elles nous disent ce qu’on attend d’elles ! Une science qui ressemble à d’abord décréter un résultat selon une idéologie/ce qu’on veut trouver, puis de faire en sorte que les preuves mises en acte prouvent. Quid des observations ? La science n’est donc pas toujours scientifique. Mais il ne s’agit pas d’un livre de dénonciation, mais un livre de quelqu’un qui cherche, qui tâtonne, qui s’interroge. Qui nous interroge du coup.

Et qui révèle beaucoup. Une remise en question qui nous vient de scientifiques américains. Mais qui a mis 13 ans pour venir jusqu’à nous !

Comment se fait-il qu’un tel livre, devenu un classique, si accessible à tout public, si complet, si limpide ne soit pas venu à nous plus tôt ?

Cette chance, cette aubaine même, on la doit à d’autres scientifiques, des scientifiques français regroupés au sein de l’Institut Émilie du Châtelet, l’IEC.

IEC

Une deuxième rencontre. L’IEC n’est pas seulement un institut qui a permis la traduction de ce livre, c’est une organisation qui entre autres, propose des conférences, des colloques, permettant ainsi de diffuser des savoirs « pour le développement et la diffusion des recherches sur les femmes, le sexe et le genre. « C’est à Paris, et pour y assister l’entrée est libre.

Un véritable cadeau. Parce qu’il ne s’agit pas d’être d’accord, mais d’être témoin du travail de ces scientifiques, que l’on soit du domaine de la science exacte ou des sciences humaines. Même de les questionner. De se questionner. Et comprendre qu’il n’y a pas, qu’il ne peut y avoir de savoir absolu.

C’est aussi un site : http://www.institutemilieduchatelet.org/ qui en plus d’informer sur son agenda, livre un nombre impressionnant de vidéos des différents intervenants, cela disponible pour le grand public, en plus de son activité en relation avec la vie universitaire. Ce que transmettent ces savoirs, c’est d’abord sortir des stéréotypes sexuels, qui ne peuvent qu’amener à une dynamique à sortir d’autres stéréotypes, ces raccourcis pour juger plus vite à défaut de comprendre.

Parce que je ne me suis jamais senti(e) en accord avec les notions de masculinité et de féminité, lire un livre qui me fasse sentir en accord avec moi-même, m’ouvre au plaisir de nouvelles perspectives ; parce que je ne cherche pas à avoir raison, mais pouvoir transmettre autre chose, de l’ordre de l’ouverture, du décloisonnement, d’autrement.

Vous présenter « Corps en tous genres » et vous parler de l’IEC fait donc partie de cette démarche.

Mais pourquoi ce livre m’a attiré, avant même que je sache de quoi il parle ? Qui dit science n’exclut pas non plus le mystère… Laurence Waki (le 11/08/2015)

* La testostérone est un sujet sensible me concernant. Qui m’a notamment inspiré l’écriture d’un roman « Testostérone de Femme« .

À vous de voir :

« Corps en tous genres. La dualité des sexes à l’épreuve de la science », de Anne Fausto-Sterling, Éditions La découverte, IEC, 32 €

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