La Préfecture de Paris fait des expériences

Et profite du plan Vigipirate-alerte-attentats, pour expérimenter sur les Parisiens ainsi placés en cobayes pour des contrôles d’un type nouveau.

 Bienvenue dans l’ère des portiques détecteurs de métaux dans un centre commercial parisien.

 En effet la Préfecture de Paris a fait installer à titre expérimental, du 29 mai au 6 juin 2015 un portique, ainsi que vous le montre la photo que j’ai prise, non sans être interpellée par la Sécurité, qui voulait me faire croire que je n’avais pas le droit de faire ces prises.

OLYMPUS DIGITAL CAMERASauf que cela est faux, et du trottoir, je peux prendre les photos que je veux, et comme je l’ai dit, revendiquant mon droit, « nous sommes en France« , sous-entendu, la loi française ne contraint pas ce genre de photos à des demandes d’autorisation, en plus d’être encore dans un pays libre.

Ce qui a vexé mon interlocuteur, croyant que je faisais référence à la couleur noire de sa peau.

Je ne suis pas Français, me dit-il.

Tellement éloigné de mon propos, que le plus simplement du monde ma réponse a été de lui répondre que rien chez lui ne pouvait me donner ce type d’information. Le terrain glissant a pu ainsi être évité. Ce qui m’a fait du coup prendre conscience qu’il avait dû être exposé à des réflexions racistes, qu’il était à cran, et prêt à en découdre à la moindre opposition.

Parce que les métiers de la Sécurité sont des métiers éreintants psychologiquement, que souvent il est question d’immobilité physique, que ce travail est peu reconnu, qu’exercer des actes intrusifs comme de regarder dans le sac des gens n’est pas vraiment populaire, que surveiller, donc suspecter n’importe quel quidam rend forcément suspicieux, voire paranoïaque ; que cela supposerait une formation psychologique tant pour soi que dans le rapport aux autres, d’apprendre à gérer la tension, et d’avoir des sas de décompression.

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Parce que tous ces contrôles créent un inévitable climat de tension, de méfiance, de colère, augmentant chez les plus sensibles à ces positions, le rejet de l’autre, accusant l’Autre – en vrac : les musulmans, les djihadistes, les étrangers… et j’en passe – d’en être la cause. Une terrible peur diffuse, qui touche, et les contrôlés, et ceux à qui on demande de contrôler, non seulement parce que ce qu’on leur demande est impossible, gérer la sécurité de trop de gens, face à une menace indéfinie, sans formation qui permettrait de leur apporter un self contrôle, les rendant électrique au moindre faux mouvement, ou vu comme tel.

Un appareil photo compact devient une menace ; qui les fait se déplacer à deux pour m’interpeler et me demander de justifier mon acte. L’un des deux a été arrêté par une personne soutenant mon droit à photographier. Et le deuxième, après quelques échanges verbaux précités plus haut, finissant par évaluer la situation sans danger.

Mais tout cela allait finir puisque le 10 juin 2015 annonçait la fin du plan Vigipirate-alerte-attentat, la fin de ce qui pouvait justifier les coûts supplémentaire de l’expérimentation d’un portique détecteur de métaux (au frais des contribuables), la fin de la banalisation de l’inspection des affaires personnelles des personnes, la fin de l’hyper-contrôle.

Sauf que ce n’est pas encore fini. Un peu comme des béquilles qu’elle n’arriverait pas à lâcher de peur de tomber, que s’en séparer c’est risquer de perdre l’équilibre, de perdre le contrôle, la Préfecture de Paris, et pas seulement elle, s’accroche à ce plan, où chacun d’entre nous est un suspect au nom de la Sécurité.

Et aucune date de fin n’est donnée.

Comme si le temps du contrôle se devait d’être expansif à l’infini.

Le temps de mener encore d’autres expériences ? Laurence Waki (le 12/06/2015)

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